Il va falloir s’y prendre autrement.
Amphi Débat organisé en mode hybride
Alors pourquoi inviter Dominique Potier pour nous aider à penser un chemin praticable ? Parce que nous avons un besoin urgent de passeurs un peu hors normes.
À l’origine, Dominique Potier est un paysan, engagé en Gaec avec 4 autres agriculteurs sur le village lorrain de Lay-Saint-Rémy, converti en bio depuis 1992.
Très investi dès ses 20 ans dans le sillage de Michel Dinet dans le développement local, il décide d’élargir son action en entrant dans le champ politique. Il est élu député en 2012, réélu en 2017, puis en 2022 (avec 63 % des voix), pour son dernier mandat.
Transition écologique, lutte contre l’accaparement des terres, responsabilité des multinationales, repenser les lieux et les liens qui font développement en Lorraine et sur la planète, etc., ses terrains d’intervention sont aussi choisis que centraux.
Sa vision – et son action – s’inscrit dans une tradition, la 2ème gauche, qu’il appelle à dépasser dans un fort texte paru dans la revue Esprit (Pour une troisième gauche, Esprit, mars 2022). Il y expose la double urgence d’une puissance publique authentiquement régulatrice et d’une conversion de la pratique de l’ensemble des acteurs sociaux.
C’est peu dire que c’est un député hors normes. Il cherche – et réussit souvent – depuis 40 ans à embarquer des citoyens dans des mouvements à la fois de pensée et d’action : en Lorraine, en France, plus loin encore.
Sur la transition écologique, il avance qu’il faut penser le récit, la pédagogie de la science, les métriques, la réduction des inégalités, le fait de retrouver les dimensions culturelles et spirituelles de l’existence.
Pour lui, on ne peut imaginer une transition écologique sans une limitation « décente » aux écarts de revenus (il est à l'initiative d’une proposition de loi fixant l’écart acceptable des rémunérations à une échelle de 1 à 12).
Nous le savons : toutes les dimensions du travail vont être bousculées, percutées par la transition écologique qui nous attend. C’est dans cette perspective que l’UODC est particulièrement heureuse et honorée de recevoir Dominique Potier pour l’entendre et débattre avec lui.
Jean Besançon
Directeur de l’UODC
L'intervenant :
Dominique Potier est un paysan devenu député en 2012, dans un territoire lorrain où il vit et milite depuis ses 20 ans. Il en est à son 3ème (et dernier) mandat.
Militant depuis sa jeunesse, Dominique Potier s'est construit avec l’enseignement agricole, dans le mouvement associatif, à l'école d'un mouvement de jeunesse rural. À l'âge de vingt ans, ses premiers lieux d'action sont la création d'une radio locale, de clubs d'investissement solidaires et des premiers comités développement durable en Meurthe et Moselle.
Ce goût de l'action se double d'un souci permanent de réfléchir à des voies nouvelles. Suivra un parcours de 25 ans dans le monde du travail et de l'entreprise. À partir de la ferme familiale, il crée, avec des associés, une coopérative agricole convertie en bio.
Avec Anne, son épouse, coordinatrice dans un service d'aide à domicile, il continue à militer au sein d'associations caritatives et de solidarité internationale. Ils ont quatre enfants.
En 2001, il devient maire de son village, Lay-Saint-Rémy et s'investit dans la création des premiers outils de développement du Pays Terre de Lorraine. En 2008, dans le contexte de la crise Kléber, les élus locaux lui confient la présidence de la Communauté de Communes du Toulois. Elu député en 2012, il démissionne de ses autres mandats.
À l'école de Michel Dinet, un des pères du développement local en France et dans les pas de Michel Rocard, il croit en la capacité de chacun à devenir citoyen. Homme de convictions, attaché au renouvellement de la vie politique, à une gestion rigoureuse de l'argent public, il cherche sans cesse à rassembler au-delà des clivages partisans et à jeter des passerelles entre ville et campagne, entre notre territoire et la métropole nancéienne.
Son sens de la coopération et de l'innovation, son goût des solutions concrètes aux côtés des PME, des collectivités, des services publics et de la vie associative ont contribué à donner un nouveau visage à un territoire reconnu comme pionnier dans les transitions économiques, sociales et écologiques.
Atypique, il s'est imposé comme un des députés les plus actifs de cette mandature (34ème sur 577). Avec la société civile, il est en première ligne dans les combats pour la justice au quotidien (égalité des chances à l'école, surendettement des ménages, dépassement d'honoraires...) et pour une mondialisation plus humaine (transparence des paradis fiscaux, devoir de vigilance des multinationales, lutte contre l'accaparement des terres). Autre contribution remarquée : une mission de 6 mois auprès du Premier Ministre qui a directement inspiré le nouveau plan français de maîtrise des pesticides, qui a été unanimement salué.
Fondateur du laboratoire d'idées humaniste Esprit Civique parrainé par Jacques Delors, il travaille également avec la Fondation Jean Jaurès sur une politique d'alimentation de qualité pour tous.