Mémorable ? Oui, parce qu’il nous a notamment décrit de manière précise comment et pourquoi une crise allait bientôt exploser. Il s'interrogeait juste sur le moment…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean Peyrelevade, dans son dernier livre, France, état critique (Plon, 2011, en collaboration avec Pierre - Antoine Delhommais) n’y va pas exactement de main morte. Nous sommes à moins de 6 mois de l’élection présidentielle.
Pour Jean Peyrelevade, les programmes des différents partis sont différents, mais affligeants. Parce que la France est dans un état critique. Parce que le tissu industriel se délite, que ses concurrents - ne serait-ce qu’en Europe - font beaucoup mieux pour ce qui est important (innovation, R/D, formation, etc.). Parce que nous travaillons moins, moins longtemps. Parce que ces programmes refusent de regarder la réalité, les évolutions documentées depuis 20 ans, la comparaison avec le reste du monde.
Que depuis près de 20 ans, les politiques menées passent - pour l’essentiel - à côté de l’essentiel. Et que ce qui nous attend est sous nos yeux : Grèce, Portugal, Espagne…
Alors, que faire, comment agir ?
Au début de l’année 2012, l’Université ouverte des compétences a choisi de profiter de la période : 6 mois tous les 5 ans. Pour ouvrir les fenêtres sur les possibles, les réponses neuves, les occasions de débattre sur les questions de fond. Avec d’autant plus de conviction que le moral dans le monde du travail est en berne, englué entre les invraisemblables freins au pouvoir d’agir et l’absence de perspective crédible d’un avenir qui fasse sens commun dans ce pays.
Et pour cela, nous sommes très honorés et heureux de recevoir Jean Peyrelevade. On peut être d’accord (ou non) avec ses analyses et les perspectives qu’il déploie. Mais il faut l’entendre et porter l’exigence du débat et de la controverse dont nous avons absolument besoin au niveau où il la place.
Enfin, nous ne résistons pas au plaisir de cette citation, placée par l’auteur en exergue de France, état critique :
« Il y a toujours des médecins Tant-Mieux qui préfèrent les bonnes paroles et les expédients. Ils ne font confiance ni au bon sens, ni à l’énergie, ni au courage de la nation. Ce sont des pessimistes. Parler le langage de la vérité, c’est le propre des véritables optimistes, et je suis optimiste, moi qui pense que ce pays accepte la vérité, qu’il est prêt à prendre la résolution inflexible de guérir et qu’alors il guérira »
Pierre Mendès France, 3 juin 1953
Discours d’investiture à l’Assemblée Nationale
(l’investiture lui fut refusée…)
Jean Peyrelevade a été directeur adjoint du cabinet de Pierre Mauroy (1981), professeur à l’Ecole Polytechnique, dirigeant de très grandes entreprises financières (Suez, Stern, UAP, Crédit Lyonnais [1993-2003]). Auteur de plusieurs ouvrages, dont Le Capitalisme total (Seuil, 2005). Il est notamment intervenu de manière mémorable à l’Université ouverte des compétences - Club Stratégies en janvier 2006.