Beaucoup d’entre eux le pensent, usés par le temps dérobé tous les jours par des organisations dont plus grand monde ne comprend le sens. Comme tout un chacun, ils aimeraient être en situation de bien faire un travail qui a particulièrement du sens pour eux. Ne pas être en situation de le faire les épuisent, les met en souffrance.
Le constat est connu : la fameuse circulaire Rocard (*) sur le renouveau du service public a été écrite il y a plus de 30 ans. Et pourtant défiance, contrôle et manque d’initiative n’ont jamais été aussi présents.
Alors, serait-il possible de travailler vraiment autrement dans la fonction publique d’Etat ? Et si oui, comment y arriver ?
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Stéphanie Dupuy-Lyon est une dirigeante publique atypique, à au moins deux titres.
Le premier, c’est qu’elle considère que l’essentiel de son travail est de permettre à ses équipes (600 agents en centrale, 15 000 dans les services déconcentrés) de déployer tous leurs talents au service des politiques publiques concrètes que porte sa direction.
La question n’est plus : « Je vous dis ce que vous devez faire et rendez moi compte ». Mais plutôt : « De quoi avez-vous besoin pour faire cela ? ». Dit autrement : Stéphanie Dupuy-Lyon revendique d’être une directrice générale au sens « RH » du terme, à savoir penser que l’humain, le management, les ressources humaines, c’est fondamental pour avoir une capacité d’agir sur le réel.
Son présupposé est que ses collaborateurs ont du talent, qu’ils sont compétents, voire très compétents. Qu’ils ont compris et intégré les enjeux des politiques publiques à mener. Et donc le quotidien de Stéphanie Dupuy-Lyon, c’est d’abord d’être au côté de ses équipes pour faciliter leur quotidien.
Pour ceux qui connaissent les démarches engagées dans une entreprise comme Michelin (cf. l’intervention de Bertrand Ballarin à l’UODC), il y a là des points communs qui donnent à penser.
Sa seconde singularité est la mission dont elle est en charge : porter une transformation sur la manière de manager, de travailler. Et cette transformation est précisément réfléchie et outillée.
Elle est convaincue que la DGALN porte des politiques merveilleuses et qu’elle a besoin du talent et de l’engagement de tous pour les déployer. Parce que perdre beaucoup de temps à faire des choses inutiles casse et met en souffrance. Et qu’à l’inverse, retrouver une culture du plaisir au travail est un facteur déterminant d’efficacité et de santé pour tous.
Dit encore autrement l’expertise – apanage traditionnel des ministères et qui demeure encore – ne vaut rien si elle n’est pas portée par des hommes et des femmes qui s’engagent, savent travailler avec d'autres, déploient de l'intelligence collective, prennent des initiatives et des risques, proposent au politique.
Alors, comment fait-elle ? C’est la question qui vient bien sûr aux lèvres.
Le mouvement de transformation a été engagé en janvier 2020, juste avant le début de la crise sanitaire. Un an et demi, c’est court, mais des premiers résultats sont là, même si chacun se doute que rien n’est vraiment facile. Innover, c'est prendre des risques.
Cette expérience en train de se faire est aussi originale que passionnante et l’UODC est très honorée de recevoir une dirigeante publique aussi fine et engagée que Stéphanie Dupuy-Lyon. Et est heureuse de vous inviter à l’entendre et débattre avec elle.
Jean Besançon
Directeur de l’UODC
(*) Circulaire du 23 février 1989 relative au renouveau du service public
L'intervenante :
Stéphanie Dupuy-Lyon, Directrice générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) au ministère de la Transition écologique, depuis le 1er décembre 2019, est habitée par la question du management au sens ressources humaines du terme. Pour elle, c’est ce qui permet d’agir, de réellement mener des politiques publiques d’intérêt général.
Elle a exercé diverses fonctions en administration centrale de ministère (agriculture, environnement), en service déconcentré et au sein d’un grand groupe à capitaux publics (La Poste).
Agronome de formation, cette ingénieure des Ponts, des Eaux et des Forêts peut revendiquer une fine connaissance des collectivités territoriales, de l’écosystème public, de la construction et de la mise en œuvre de l'action publique à diverses échelles de territoire.
Droit de l’urbanisme, biodiversité, eau, politiques foncières, gestion des risques, sites et paysages, agriculture et aménagement du territoire... sont autant de domaines d'expertise sur lesquels Stéphanie Dupuy-Lyon s'appuie pour mener à bien les politiques publiques portées par la DGALN.
Forte de 20 ans d'expérience de management stratégique dans la fonction publique et au sein d'un grand groupe public, Stéphanie Dupuy-Lyon a à cœur d'insuffler des méthodes innovantes et de transformation pour accompagner l'ambition portée par sa direction d’offrir aux générations actuelles et futures un cadre de vie de qualité en harmonie avec les dynamiques des territoires et de la nature.
La DGALN :
La DGALN, Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature est une « grande » direction ministérielle, qui rassemble 590 agents en administration centrale et s’appuie sur environ 15 000 agents en service déconcentrés et sur une soixantaine d’opérateurs dans les différents domaines de son activité.
Sa mission ? Elle élabore, anime et évalue les politiques de l'urbanisme, de la construction, du logement, des paysages, de la biodiversité, de l'eau et des substances minérales non énergétiques.
Elle s’organise autour de deux directions, appuyées par un service des affaires générales et de la performance, qui œuvrent de façon concomitante pour l’aménagement durable et la qualité de vie dans les territoires : la direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages ; et la direction de l'eau et de la biodiversité.