« Tout passe, rien ne demeure » (Héraclite).

« Il faut que tout change pour que rien ne change » (Le Guépard, Lampedusa).

Héraclite et Lampedusa calent bien les deux bornes des débats qui nous brassent tous aujourd’hui. Est-ce que le tsunami de la Covid va vraiment changer quelque chose dans la manière de travailler ensemble ? Ou bien le fleuve du command and control et du taylorisme (dans lequel les entreprises françaises sont championnes parmi les pays comparables) va continuer tranquillement comme avant ?

C’est une question de fond. Martin Richer la scrute de très près, bien avant la crise de la Covid. En étant à la fois plongé dans l’organisation réelle du travail dans nombre d’entreprises et en veille permanente sur ce qui se passe et s’invente en Europe.

En France, nous sommes à mille lieues dans beaucoup d’entreprises et d’organisations (publiques ou professionnelles) de la confiance envers les salariés et de l’autonomie fièrement mises en avant dans leur communication.

Défiance et command and control à tous les étages, comme c’est étrange, provoquent en retour un faible engagement au travail des salariés.

Au bout, tout le monde perd : celles et ceux qui font le travail, la qualité du travail lui-même, la performance des entreprises et des organisations.

Et puis la Covid est arrivée. Et tout le monde a vu de ses yeux comment une organisation maltraitée, sous financée, épuisée de reporting et de contrôles a d’un seul coup balayé tout ce qui la freinait pour produire un travail admirable, exceptionnel, quasi héroïque : l’hôpital.

Elle n’a pas été la seule. D’innombrables premiers de corvées, des champs aux supermarchés, des éboueurs à la maintenance des réseaux, ont tenu, développé une intelligence au travail exceptionnelle pour que le travail soit fait. Et bien fait.

Mais on ne peut pas vivre de manière héroïque au quotidien. Les forces de rappel pour que tout recommence comme avant sont innombrables. Alors, comment la crise sanitaire pourrait-elle changer la donne ?

L’UODC a été heureuse de vous convier à cet amphi débat exceptionnel en visioconférence débat, autour d’un homme aussi percutant, vif, précis et enjoué que Martin Richer. Nous avons vécu un moment passionnant.

L'intervention et le débat

• 1. Qu’est-ce qui s’est passé pendant le confinement ? En quelques jours, la révolution du travail à distance - 02'41"
• 2. Les quatre lignes de front du travail : la première ligne des soignants, proximité du virus, mise à distance de la bureaucratie ! - 02'54"
• 3. Pour la première ligne des soignants : le respect de l’éthique professionnelle, les valeurs du travail bien fait - 03'11"
• 4. La deuxième ligne de ceux qui ont « continué à aller au travail » : le travail détérioré, la hiérarchie décalée - 02'46"
• 5. Ceux qui ont « continué à aller au travail » : peut-on faire du bon travail quand on a peur ? - 01'06"
• 6. La troisième ligne des télétravailleurs : beaucoup plus protégée, loin du front, les CSP+, mais pas seulement - 02'12"
• 7. La troisième ligne des télétravailleurs : forte satisfaction malgré des conditions de travail dégradées, une accélération de la transition managériale - 02'47"
• 8. La quatrième ligne : 30% de la population active hors travail, au chômage ou en activité partielle. Du temps humain gâché, pas utilisé - 03'46"
• 9. Deux défis des entreprises après le confinement : ressouder les collectifs de travail, organiser le « blended working » - 01'40"
• 10. La confiance : un ingrédient essentiel du travail collectif qui a manqué à la France confinée - 02'25"
• 11. En France, pays d’extrême défiance… 77% des français ont pensé que leur employeur s’est bien comporté pendant la crise sanitaire. Un effet du télétravail ? - 03'31"
• 12. On aurait pu penser que le confinement se traduirait par un repli sur soi : il a plutôt développé autonomie et pouvoir d’agir au travail - 03'09"
• 13. En télétravail, en présentiel : polyvalence et trésors d’inventivité, pour échapper à ce prescrit très strict et très français - 01'37"
• 14. Le confinement a accru l’envie des actifs de s’impliquer dans leurs entreprises. Et que celles-ci soient porteuses de sens ! - 04'20"
• 15. Après la Covid, comment les « acquis du travail » pourraient être préservés ? Promouvoir le débat sur le travail dans les entreprises - 01'58"
• 16. Après la Covid : redonner confiance, faire revenir les salariés ? Le levier du dialogue social - 02'42"
• 17. Après la Covid : pour un dialogue professionnel qui mette un peu la hiérarchie à distance. Et pour un triptyque « confiance, autonomie, responsabilité » - 01'01"
• 18. Après l’expérience du travail confiné : la question trapue de la reconnaissance du travail et de sa qualité. La prise en compte des soft skills - 03'12"
• 19. Après l’expérience du travail confiné, l’autre levier de la reconnaissance du travail : refonder l’échelle des salaires - 02'45"
• 20. Le télétravail ne signifie pas que nous sommes seuls : il faut être capable de mettre de la proximité dans le travail à distance - 01'57"
• 21. La vraie question qui se pose avec le travail à distance, c'est moins le télétravail, la question de l’isolement que le « travail distribué » - 02'42"
• 22. Peut-on se passer des managers ? Google, une des entreprises qui s’intéressent le plus au travail, s'est posée la question. Et alors… - 04'47"
• 23. Après le déconfinement : l’occasion de se poser la question du travail. Le « business as usual » ne devrait pas être une option - 02'53"
• 24. The Great Lockdown, le Grand Confinement… et l’après ? Recomposer les manières de travailler ensemble, retrouver du rituel - 03'09"