Croissance et meilleure répartition de ses fruits, et aussi plus grande régulation de ses effets sur l'environnement ou bien... décroissance, changement radical dans nos manières de produire et de vivre ? Le débat a pris ces dernières années, réchauffement climatique oblige, une actualité certaine.

Mais la famille des " décroissants " est multiple, les discours et positions pas toujours clairs, ni lisibles. Il nous faut aujourd'hui pour comprendre revenir aux sources de ces positions.

Sans vouloir réduire la portée de la cette intervention - un témoignage unique et précieux sur la vie et la pensée d'Ivan Illich, son regard sur l'homme et la société - à cet objectif, c'était aussi le sens de cette invitation lancée à Étienne Verne, un ami d'Illich ayant contribué à l'introduction et à la diffusion de son œuvre en France.

Souvenons-nous. En 1973, dans les premières pages de son ouvrage, La convivialité (Éd. du Seuil) Ivan Illich rappelait en quelques lignes son programme :

" Travailler à un épilogue de l'âge industriel... Dresser un tableau du déclin du mode industriel de production et de la métamorphose des professions qu'il engendre et nourrit... Repérer les limites assignables à la croissance des biens et des services si l'on veut éviter la destruction du corps social tout entier. "

Et si possible ajoutait-il " esquisser une théorie générale de l'industrialisation " qui, dans ses développements, pourrait nous aider à faire que " l'homme ne soit plus traité comme un rouage de la méga machine " car " passé un certain seuil, l'outil de serviteur devient despote. La société devient une école, un hôpital, une prison. Alors commence le grand enfermement. "

Actualité d'Ivan Illich ?

Texte : Pierre Cécile

Étienne Verne, consultant, ancien directeur associé à INSEP Consulting, où il a conduit en particulier des missions de conseil et de formation pour le développement du management dans les entreprises.

Il fut l'ami d'Yvan Illich, disparu en 2002, et l'un des principaux introducteurs de sa pensée en France.