Ce ne sont pas les grandes interrogations qui manquent en ce début de XXIème siècle.
Celle de la confiance est peut-être la mère de toutes. Et c’est sur cette question centrale que l’Université ouverte des compétences et AgroParisTech ont choisi de demander à Eva Joly d’intervenir.
Ce qui fait société, c’est une vision commune qui s’ancre dans une histoire, des règles du vivre et travailler ensemble. C’est la collaboration et la concurrence comme alternatives à la guerre et au repli.
Sans confiance, nous le savons bien : la coopération disparaît, ce qui reste de l’action collective se contracte sur ce qui est déjà là. Le lien social se dissout, tout simplement. Le politique devient incantatoire : défiance pour tous et chacun pour soi.
Récemment, des politiques, des économistes, des philosophes (Michel Rocard, Pierre Cahuc, Yann Algan, Cynthia Fleury…) ont alerté sur la spécificité française de cette défiance qui n’en finit pas de s’installer. Cela même avant la dernière « crise », celle catalysée par les dérégulations folles du monde bancaire.
En 2011, plus de 50 % des français s’abstiennent au second tour d’une élection nationale : c’est dire la confiance qu’ils accordent à leurs politiques. Dans les entreprises, les organisations, comment travailler ensemble, mobiliser ses compétences sans confiance, sans vision commune partagée d’un avenir durable ?
Aussi, comment restaurer la confiance dans une société ?
C’est sans doute la première tâche du politique, au sens originel du terme.
Le parcours d’Eva Joly est parfaitement atypique dans le monde politique français. Elle a croisé très directement cette question de la confiance – au niveau de l’ensemble d’une société – en juge, mais aussi récemment en Islande. Elle a une vision européenne.
Sa réflexion nous importe, bien au-delà des étiquettes.
Eva Joly est également Présidente de la commission du Développement du Parlement européen.