Philippe Astier Professeur en sciences de l'éducation à l'Université Lumière Lyon II Amphi débat organisé en partenariat avec Education Permanente
Que devient le travail des formateurs d’adultes ?
Comment pourrait évoluer de manière (enfin) positive leur métier ?
Guy Jobert, lors d’une mémorable intervention à l’UODC en juin 2011 (éditée récemment, Vidéo séquencée n°136 : « Le Formateur d’adultes : un agent de développement ») a éclairé de manière décapante et gaie ce que pourrait redevenir le rôle d’un formateur demain.
Pierre Caspar, lors d’une tout aussi mémorable intervention à l’UODC en mars 2011 (Vidéo séquencée n° 130 : « Le métier de formateur d’adultes : 1960 - 2030 ») a éclairé une histoire qui ne manque pas d’avenir, si l’on invente demain comme les pionniers ont su le faire depuis des décennies. « Vers un nouvel âge d’or ? » concluait-il avec son bienveillant sens de la fine et délicieuse provocation…
Mais concrètement, qu’est ce devient le travail d’un formateur aujourd’hui ? Quelles sont ses activités ? Comment pourraient-elles évoluer, dans le contexte économique et social d’aujourd’hui ?
Apparemment, pour le métier, tout va très bien…
Il n’y a jamais eu autant de formation professionnelle dispensée dans ce pays. Des chiffres « bruts » peuvent même alimenter des débats affligeants lors d’une récente campagne électorale : « Les 32 milliards de la formation professionnelle ! ».
Il n’y a jamais eu autant de formation dispensée, certes. Mais dans des conditions d’exercice du métier de formateur qui n’ont plus grand-chose à voir avec celles connues par les refondateurs de la formation professionnelle dans les années 1960, autour d’un certain Bertrand Schwartz.
Il existe aussi d’heureuses exceptions : où s’invente sans bruit ce qui pourrait être neuf, vif et utile demain.
Et pourtant, la première question que beaucoup se posent est sèche : comment les formateurs (-trices) font-ils pour « tenir » ? Tant les conditions d’exercice du métier sont aujourd’hui devenues difficiles.
Logique d’appels d’offres (issue du monde des Travaux Publics) généralisée à l’ensemble de la sphère formation, déqualification et salaires moyens en baisse, interrogations récurrentes sur le sens et l’efficience de son travail.
Aujourd’hui, un formateur d’adultes doit répondre à des injonctions du type :
- « elle est bouclée la réponse à l’appel d’offres ? »,
- « vous pourriez nous mettre ça en référentiel de compétences ? », « en FOAD ? »,
- « il faudrait quand même diminuer le face-à-face pédagogique »,
- « avec le public totalement hétérogène que nous avons, on individualise et c’est bon, non ? »,
- etc.
Un(e) formateur (-trice) travaille rarement seul(e).
Il est le professionnel - permanent ou non - d’organismes de formation qui sont eux-mêmes pris dans des logiques économiques qui épuisent leurs responsables. Et qui passent leur temps à faire autre chose que leur métier, c’est-à-dire diriger les hommes et les femmes qui sont le cœur d’un organisme de formation.
Le résultat, avance notamment Philippe Astier, c’est que l’on assiste à une re-scolarisation de la formation d’adultes. Et une « dé-problématisation » de la situation de formation.
Comment imaginer autrement ce que pourrait être le travail du formateur ?
C’est cette voie que l’intervention de Philippe Astier va défricher avec nous lors de cet amphi débat.
Jean Besançon
Directeur de l’Université ouverte des compétences
Daniel Wilk et Guy Jobert
Education Permanente
Philippe Astier est responsable du Master professionnel « CRF » (Concepteur et Réalisateur de Formation) à l'Université Lyon II.