Pour François Dupuy, conduire un vrai changement dans une organisation, c’est-à-dire créer confiance et coopération n’a rien de magique.
Nul besoin de leader charismatique, mais prendre le temps d’une connaissance approfondie du fonctionnement de l’organisation, avec une vraie pensée sur ce qui lie les êtres humains ensemble dans le travail. Et comme il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie (K. Lewin), François Dupuy démontre de manière fascinante, exemples à l’appui, ce que peut produire la véritable théorie de l’action managériale qu’il présente. En partant d’un constat que nous connaissons bien : dans l’entreprise tout le monde sait ce qu’il faudrait faire. Mais personne ne sait comment s’y prendre.
Amphi Débat en ligne via Zoom - Inscription (gratuite)
François Dupuy rappelle très justement qu’il n’y a rien de naturel dans la coopération. Tout le monde l’appelle de ses vœux, tout comme la confiance, mais elle se construit. Ce qui est sidérant, c’est de voir à quel point ces deux questions, qui sont absolument au cœur de ce qui fait la qualité et la performance dans le travail, sont le plus souvent traitées de manière « morale », comme si c’était « bien » de faire confiance et de coopérer et « mal » de faire l’inverse. François Dupuy rappelle que les acteurs au travail dans une organisation sont intelligents. Qu’ils ne font jamais n’importe quoi, qu’ils ont de bonnes raisons de faire ce qu’ils font.
Et si l’on veut mener un changement, la première chose à faire humblement, et c’est du travail, c’est de comprendre pourquoi celles et ceux qui travaillent le font ainsi. Ensuite, appuyé sur des exemples lumineux, François Dupuy détaille ce qu’il appelle les conditions de la confiance au travail. Ce qui va permettre - ou pas - de mener des changements véritables, c’est-à-dire des changements dans la manière dont les personnes travaillent. Et non dans la place qu’elles ont dans le nouvel organigramme.
L’UODC a eu le bonheur d’inviter l’homme de « Lost in management » en 2016. Un amphi débat qui a marqué les mémoires et dont les vidéos sont extrêmement utilisées. À l’époque, François Dupuy, après avoir décrit très précisément les errements du management dans la plupart des entreprises, ainsi que les causes de ces errements, voulait écrire un livre orienté vers les solutions. C’est le propos du dernier tome de la trilogie « Lost in management ».
C’est peu dire que l’UODC est heureuse d’organiser un événement de rentrée exceptionnel avec cet homme : l’entendre, débattre avec lui rend plus intelligent, et qu’est ce que cela fait du bien !
Jean Besançon
Directeur de l’UODC
L'intervenant :
Sociologue des organisations, consultant indépendant, François Dupuy a enseigné à l’Insead et dans plusieurs business schools à travers le monde. Il conseille aujourd’hui de nombreux dirigeants en Europe.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui font référence sur la bureaucratie, le changement et le management. Parmi les plus récents, « Lost in management. La vie quotidienne des entreprises au XXIe siècle » (Seuil) a reçu le Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail en 2012. Il interroge dans ce livre les rapports d’autorité et de pouvoir au sein de l’entreprise, et explore des pistes pour un management différent.
« La Faillite de la pensée managériale », paru le 8 janvier 2015, en constitue le deuxième tome (Seuil). François Dupuy s'attache à y "démonter les mécanismes de l’appauvrissement de la pensée managériale et à en montrer les graves conséquences pour les entreprises. L’ignorance persistante des acquis des sciences sociales en particulier cause des ravages. Habillant les idées reçues d’un jargon déconnecté de la "réalité", dirigeants et managers commettent des erreurs de raisonnement et des confusions qui pénalisent toujours plus leurs décisions".
Enfin, « On ne change pas les entreprises par décret - Lost in management 3 » est paru fin 2020 au Seuil et couronne aussi passionnante qu’utile et pratique cette magistrale trilogie.
François Dupuy est un très fin et proche continuateur de l’œuvre de Michel Crozier sur les organisations, les moteurs de leur fonctionnement et leurs innombrables dysfonctionnements.
Encore sans arrêt sur la brèche de recherches et d’études précises et concrètes dans les entreprises (y compris très récemment sur les conséquences de la Covid au travail), il fait sans doute partie de ceux qui ont le mieux compris les ressorts de ce qui est aujourd’hui si déréglé dans les organisations de travail. Et qui trace de manière aussi délicieuse que précise les voies pour sortir le travail de beaucoup de ses ornières.