La figure du chef est aujourd’hui une figure enfouie, disparue, qui n’a plus cours.
Sont modernes le management, l’entraînement des équipes, le projet.
A notre connaissance, un seul philosophe en France s’est intéressé à cette étrange disparition de la figure du chef. Et à ses conséquences, si l’on s’intéresse comme Robert Damien à ce qui fonde toute autorité. Conséquences qui peuvent être la violence, l’impossibilité de constituer une équipe, l’anomie.
De ce point de vue, on imagine que la très récente actualité sportive donne plus qu’à penser à un philosophe longtemps entraineur d’une équipe de rugby…
Qu’est ce qu’un chef ? Celui qui dicte ou bien celui qui commence, qui mène à bien, qui continue, qui achève ? Que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas ou plus d’autorité ? Quels pourraient être les fondamentaux de toute autorité ?
Pour clore l’année 2009-2010 de l’Université ouverte des compétences, l’intervention de Robert Damien nous est apparue comme salutaire, tonique, décapante.
Plus que tout, son intervention nous est apparue utile : le philosophe paraît loin de l’action et du réel. Et pourtant, nous pressentons bien que nos manières d’agir se dessèchent vite lorsqu’elles restent trop longtemps éloignées des canaux de la pensée vive.
Robert Damien est un philosophe particulier : c’est un philosophe qui a été entraîneur de rugby (CS Lons le Saunier, deuxième division). Professeur de philosophie à l'Université de Franche-Comté, puis de Nanterre (Paris X), il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment : Bibliothèque et Etat : naissance d'une raison politique dans la France du XVIIe siècle (Paris : PUF, 1995) ; La grâce de l'auteur : essai sur la représentation d'une institution politique, l'exemple de la bibliothèque publique (La Versanne : Encre marine, 2001) ; Le conseiller du Prince de Machiavel à nos jours : genèse d'une matrice démocratique (Paris : PUF, 2003).