Comment aujourd'hui appréhender le métier d'encadrement, sa définition, ses contours, le travail qu'il représente ?
Autant de questions que souhaite travailler l'Université ouverte des compétences en cette année 2010.
Elle reçoit pour cela Frederik Mispelblom Beyer, professeur de sociologie à l'Université d'Evry, chercheur au Centre de Recherche sur la Formation (Cnam), responsable de l’équipe ETE (enseigner, transmettre, encadrer) du département AES de son université et auteur, notamment, du livre "Encadrer, un métier impossible ?" (Editions Armand Colin, août 2006).
Sa réflexion est le résultat de vingt années de travail s'appuyant sur des recherches dans de grandes entreprises publiques, semi-publiques, ou anciennement publiques, telles que la RATP, la SNCF, EDF, France Télécom et British Telecom, qui présentaient une grande diversité de situations professionnelles et un climat social variable.
Frederik Mispelblom Beyer tente d’approcher de près tout ce qui rend si insaisissables les contours et le contenu concret de l'activité d'encadrement.
" Soit encadrer est, comme le prétend le management qui veut professionnaliser cette activité, "un métier comme un autre". Avec quelques nouvelles méthodes et techniques et beaucoup d'entraînement, on réussirait à en expulser la politique, les différences de sexe, le désir, les convictions "personnelles", la volonté de régenter la vie des autres ou celle de servir une cause. Muni des méthodes et techniques qu'il faut, on pourrait peut-être y arriver. Et ainsi transformé, encadrer ressemblerait au métier du boulanger, du policier, du travailleur social, de l'enseignant, voire du soldat.
Soit encadrer n'est pas tout à fait un métier comme un autre, ou plutôt, est un métier dans lequel des dimensions présentes dans tout travail sont plus difficiles à "cacher", à blanchir, à polir, à rendre "politiquement correctes". Ce qui est ainsi assez visible dans l'activité d'encadrement, serait aussi présent, mais de manière moins explicite, dans tout travail.
Revenons-donc, encore une fois, au travail, au travail ordinaire, non pour le laisser dans son état d'ordinaire, mais pour lui redonner sa grandeur, ses lettres de noblesse, son caractère de lutte existentielle, de tragédie parfois. Mieux que toute autre, l'activité d'encadrement permet de comprendre les micro-politiques du travail, et leur lien avec la politique tout court. " (Frederik Mispelblom Beyer)