Cette intervention commence sur un paradoxe.
Les actions d’éducation, de formation, de professionnalisation devraient servir des personnes, des activités, une société où le travail humain devient plus que jamais central.
En Europe, ce travail n’est plus réglé par le mouvement d’évolution lent de la terre, puis de la chaîne de Taylor. Il évolue et se transforme à un rythme plutôt vif. La capacité d’anticipation, la vitesse de réaction, l’aptitude à trouver des réponses adéquates - et souvent imprévues - sont les mots clefs, au côté de la confiance, de la compétence et de la pertinence de l’organisation.
Or agir aujourd’hui en matière d’éducation, de formation, de professionnalisation est certes de plus en plus complexe : rien d’anormal, le monde n’est pas plus simple. Mais agir est surtout devenu de plus en plus compliqué, difficile, épuisant.
Le pouvoir d’agir est enseveli sous une avalanche de règles, de déclarations d’intention dans les moindres détails, de référentiels volumineux de procédures, de documents à renseigner sur l’action, de contrôles et de défiances en tout genre. De manière surprenante, plus le travail demande de l’agilité, plus ce qui y prépare semble aujourd’hui ankylosé à force de prescription.
Aussi, plutôt que d’expliciter dans le moindre détail à des opérateurs de la formation, de l’éducation, de la professionnalisation ce qu’ils devraient faire (ou les « innovations » qu’ils devraient suivre), ne serait-il pas possible d’explorer les points d’appui pour d’autres pistes ?
Celles visant, par exemple, à retrouver du pouvoir d’agir.
Cette intervention prendra notamment appui sur des analyses récentes de chercheurs (Norbert Alter, Jean-Marie Barbier, Yves Clot, Christian Du Tertre, Bernard Gazier, Guy Jobert, Christophe Dejours, Patrick Mayen, Pierre Veltz, Philippe Zarifian, etc.) et de praticiens travaillant dans des grandes entreprises, des PME et TPE, des organisations professionnelles, des collectivités locales, des établissements publics, des syndicats, des associations, des partis politiques.
Jean Besançon est ingénieur agronome, diplômé du CNAM / HEC (DEA RH). Il a notamment dirigé un centre de formation d’adultes en Lorraine dans les années 1980, piloté la formation professionnelle continue et l’apprentissage relevant du ministère de l’agriculture, puis les innovations dans l’enseignement agricole dans les années 1990. Après avoir dirigé un grand mouvement d’éducation populaire en milieu rural (la FNFR) au début des années 2000, il a notamment travaillé à l’émergence d’un Institut réunissant recherche, recherche-développement, formations ouvertes et à distance et appui en matière de production de compétences dans la sphère « verte » (l’Institut Eduter à Dijon). Il dirige aujourd’hui l’Université ouverte des compétences.