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Dans le domaine : Collectifs
Vendredi 17 juin 2022 Travailler pour Netflix : entre promesse aux auteurs et mise en cause des coopérations collectives Connaissance de l’emploi n° 181 La production de fiction pour les plateformes de streaming, dont Netflix est emblématique, s’est présentée en France comme une promesse : celle de soutenir des projets ambitieux, portés par des showrunners et mobilisant des équipes sur des durées longues. Dans ce numéro de Connaissance de l’emploi, une enquête qualitative par entretiens, menée auprès de techniciens du secteur, fait plutôt apparaître une redéfinition des relations entre les parties prenantes de la production, qui bouscule les repères professionnels établis. Les modalités de travail possibles se distribuent dès lors entre deux pôles, allant d’un soutien très encadré à des projets originaux au durcissement d’une relation entre donneur d’ordre et prestataire. L’efficacité même des coopérations collectives de travail s’en trouve interrogée.

L’arrivée en France des plateformes de streaming, en particulier Netflix, s’est présentée comme une promesse à un double égard. Une promesse aux abonnés : celle d’une offre pléthorique, disponible partout, tout le temps, à partir d’un terminal. Mais une promesse aussi aux parties prenantes de la production : celle de soutenir des showrunners, porteurs de projets ambitieux et capables de rivaliser sur les marchés internationaux. Par contraste avec l’auteur-réalisateur de cinéma, le showrunner désigne un auteur-producteur de fiction sérialisée, devenue le produit phare de l’industrie audiovisuelle. À cette fin, il dirige dans la durée les trois écritures constituées par le scénario, le tournage et le montage (Berger, 2019), au cours d’un processus mobilisant des équipes artistiques et techniques sur des périodes plus longues que dans la production audiovisuelle classique.

Or dans les faits, l’apport des plateformes ne se limite pas à l’émergence de ce type d’auteur : qui bouscule plus largement les coordinations productives établies. Habituellement, les chaînes de télévision historiques délèguent après validation la réalisation des projets à des sociétés travaillant dans une forte autonomie. Avec Netflix, ces mêmes sociétés sont soumises à un contrôle en continu de la conduite de travaux faisant l’objet d’un pouvoir inédit de prescription. Pour les équipes artistiques et techniques (scénaristes, réalisateurs, opérateurs, etc.), c’est un choc de «convention de travail» (Salais, 1989), au sens d’une mise en cause des repères, usages et connaissances participant communément de l’efficacité productive. L’expérience de travail se polarise dès lors entre le soutien très encadré à des projets originaux et le durcissement d’une relation entre donneur d’ordre et prestataire.

Ce constat interroge la mesure dans laquelle la promesse initiale des plateformes est tenue. En effet, leur pouvoir de prescription, qui saisit les coopérations collectives de travail, ne vient-il pas mettre en cause les conditions mêmes d’affirmation d’un point de vue d’auteur ?...

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Le Centre d'Etudes de l'Emploi et du Travail (CEET) est un programme transversal du Cnam visant à développer la recherche pluridisciplinaire sur le travail et l’emploi, dans une perspective académique et de réponse à la demande sociale...