Ce n’est pas seulement le contenu et la nature du travail à faire qui se reconfigurent, c’est également la manière de faire ce travail qui se trouve remaniée. Les professionnels sont malheureusement trop peu associés à ces transformations qui les touchent pourtant au premier chef. Ils sont vus au mieux comme la simple variable d’ajustement d’un projet qui les dépasse, au pire comme les exécutants dociles d’une technologie qui devient le maître de ceux qu’elle était censée servir.
Ce qui est alors souvent présenté comme un vecteur de progrès et d’efficacité au travail impose en fait des renoncements à ce que le sujet s’efforce de construire à l’échelle de son métier, en matière de compétences et de gestes professionnels, de règles de travail et de critères de qualité, d’initiatives individuelles et collectives. Ces empêchements dégradent alors les conditions d’exercice de son activité, fragilisent son engagement subjectif et compromettent sa santé au travail.
Cet ouvrage aborde la question des transformations digitales et des mutations du travail qui en découlent, en portant une réflexion critique sur les évolutions sociotechniques qui touchent le travail contemporain. Il cherche aussi à accompagner la conception d’un futur du travail qui soit socialement acceptable, professionnellement responsable et humainement soutenable.
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Professeur de psychologie du travail au CNAM-Paris, Marc-Eric Bobillier Chaumon y dirige la chaire de psychologie du travail et assure la responsabilité nationale du diplôme. Ses travaux portent sur les questions de transformations digitales et des nouvelles formes de travail. Il préside l'Association Internationale de Psychologie du Travail de Langue Française (AIPTLF).