La présente chronique repose sur un double postulat, d’une part que la qualité de la formation professionnelle en alternance est tributaire de celle de la fonction tutorale au sein de l’entreprise, et d’autre part que cette fonction constitue le maillon faible du processus de la pédagogie de la formation en alternance, alors même que celle-ci connaît un développement quantitatif jamais connu à ce jour en France.
Les contrats d'apprentissage devraient atteindre en 2023 de l'ordre de 1 million, auxquels s'ajoutent près de 140 000 contrats de professionnalisation, ainsi que plus de 650 000 conventions de formation organisant la pédagogique en alternance pour des élèves sous statut scolaire (CAP, bac pro) et 500 000 conventions étudiants, (IUT, licence pro, Master…). Le potentiel « de jeunes à tutorer », tous statuts et tous niveaux réunis peut être estimé à 2,3 millions. À ces « alternances » il faut ajouter les salariés concernés par une action de formation en situation de travail (AFEST), ainsi que les demandeurs d’emploi, de tout âge, stagiaires de la formation professionnelle, dont la formation peut également s’appuyer sur la pédagogie en alternance. Si l’on admet qu’un tuteur peut encadrer en moyenne deux alternants les entreprises doivent pouvoir libérer du temps et assurer une formation a minima pour exercer la fonction tutorale auprès d’une population que l’on peut estimer à 1,5 million de salariés.
La fonction tutorale constitue, en effet, le pivot central sans lequel il n’y a pas de formation professionnelle en alternance, dès lors que l’on admet que cette pédagogie n’est pas réductible à la juxtaposition entre « formation sur le tas » dans l’entreprise et cours théoriques en dehors de celle-ci. La question posée est, d’une part celle de l’extraction de valeur formative de la participation au travail productif, et d’autre part celle de la fertilisation croisée avec la formation théorique délivrée dans un centre de formationl…
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Jean-Marie Luttringer, juriste, consultant en politique de formation professionnelle (JML Conseil), est l'auteur d'une intervention à l'UODC : « La nouvelle donne juridique de la formation. Ce que la loi du 5 mars 2014 va progressivement transformer », Vidéo complète n°174, février 2015.