L'État-providence a mauvaise presse. Les politiques sociales sont jugées coûteuses, elles encourageraient la paresse, seraient stigmatisantes, et feraient des choix inefficaces. Ceux qui ne se résignent pas à un État réduit à ses seules fonctions régaliennes semblent avoir trouvé leur mantra : ils accompagnent.
Qu'il s'agisse de publics ou de quartiers « en difficulté », de formation professionnelle et d'orientation, de santé et de soin, de start-up ou de clusters innovants, les personnes et les projets ont besoin d'être accompagnés.
La société civile, qui multiplie les associations ou dispositifs d'accompagnement, n'est pas en reste.
La création du « conseil en évolution professionnelle » est une des illustrations de ce recours à des dispositifs d'accompagnement individualisé. La Garantie jeunes ne se borne pas à un soutien financier, elle offre un accompagnement intensif sur plusieurs mois assuré par des personnes spécialement formées au sein des missions locales. Un nouveau métier émerge. Un site national diffuse une annonce pour le recrutement d'un « chargé d'accompagnement » qui aura dans ses missions notamment « d'accompagner l'émergence de projets de création d'entreprise innovants » et « l'accompagnement des porteurs de projets au sein de l'incubateur ».
Les dispositifs et les métiers de l'accompagnement sont-ils porteurs d'un renouveau des politiques publiques ? Le mot est souvent « accompagné » de celui d'empowerment. De préférence conservé dans sa langue d'origine, il est censé préciser celui d'accompagnement, lui fixer un objectif. Cela suffit-il à donner une cohérence, un cap, du sens, un idéal, à l'action qu'elle soit publique ou le fait de la société civile ? Les évolutions lexicales ne s'accompagnent pas toujours d'évolutions pratiques et doctrinales. Il faut aller y voir de plus près...
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Metis, correspondances européenne du travail est un journal en ligne, engagé et indépendant. Il a pour projet de contribuer au débat nécessaire que suscitent les mutations qui affectent le monde du travail en Europe. Parce que les questions du travail sont au cœur de la vie démocratique, Metis pense qu'elles conditionnent la « reprise » du projet européen et la constitution d'une Europe sociale.