Innover, s'impliquer et s'adapter sont les maîtres-mots contemporains. S'appuyant sur une crise structurelle du travail et de l'emploi, ils nourrissent de nouvelles injonctions contraignant les salariés à défendre leur place sur le marché de l'emploi et dans l'entreprise.
Parmi eux, les ingénieurs et techniciens, longtemps associés à l'autonomie, à la maîtrise technique et à la créativité, subissent des remises en cause : de l'instabilité professionnelle au risque de la déqualification, ils sont placés dans une incertitude permanente.
Dans l'industrie de haute technologie, les bureaux d'étude sont ainsi au cœur d'une mise sous tension des concepteurs : évalués, contraints à des objectifs de productivité (lean), ces salariés mis en concurrence et souvent déniés dans leur dimension collective, doivent faire la démonstration renouvelée de leur capacité à tenir leur place et à valoriser leur métier face à la montée des logiques gestionnaires...
Sébastien Petit est sociologue, maître de conférences à l'Université d'Evry-Paris-Saclay, chercheur au Centre Pierre-Naville et chercheur associé au Centre d'études de l'emploi et du travail (Conservatoire nationale des arts et métiers).