Depuis une dizaine d’années, l’expertise de ces professionnels trouve progressivement sa place dans de nombreux secteurs : économie sociale et solidaire, téléphonie, alimentation, électroménager, banque, etc.
« Dans l’imaginaire collectif, l’anthropologue est une personne qui se rend dans une société exotique lointaine pour comprendre son fonctionnement », concède Marie-Laure Cuisance. Cette docteure en anthropologie de 34 ans a étudié pendant trois ans la « relation assureur-assuré » chez Axa pour les besoins de son doctorat, soutenu fin 2016 à l’université Paris-Nanterre dans le cadre d’un contrat CIFRE (Conventions industrielles de formation par la recherche), qui permet aux entreprises de bénéficier d’une aide financière en échange du recrutement en CDD d’un jeune doctorant dont l’objet d’étude les intéresse.
Les entreprises françaises ont mis longtemps à s’intéresser à l’anthropologie, contrairement aux pays anglo-saxons où la démarche s’est popularisée dès les années 1980. Mais les lignes bougent depuis une dizaine d’années dans l’Hexagone. Dans les secteurs de l’économie sociale et solidaire, de la téléphonie, de l’alimentation, de l’électroménager, de la banque ou encore des cosmétiques, puis plus récemment du numérique, l’expertise des anthropologues trouve peu à peu sa place. « Avec la mondialisation, les entreprises sont confrontées à un choc des cultures et à une difficulté à adapter et harmoniser leur approche, analyse le sociologue Dominique Boullier, tant au niveau des collaborateurs et du fonctionnement interne des entreprises que des utilisateurs de leurs produits et de l’innovation. » Des utilisateurs qui, sur fond de crise économique, ont modifié leurs habitudes de consommation. Le travail des services marketing n’est alors plus suffisant.
Cette arrivée des anthropologues dans l’entreprise s’effectue par le truchement de partenariats avec les laboratoires de recherche, comme dans le cas de Marie-Laure...
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