Le travail et la compétence : entre puissance et contrôle, éditions PUF, collection Le travail humain, 184 pages, mai 2009.
« Cet ouvrage est centré sur la question du travail, du point de vue de ses formes d’exercice et de ses modalités de contrôle, au sein du rapport salarial. Il montre que des mutations fortes sont en train de s’y produire et entend faire valoir leurs orientations et enjeux.
L’idée centrale, autour de laquelle tourne tout le livre, est qu’on ne peut pas séparer l’exercice du travail de son contrôle économique, avec néanmoins, à l’époque actuelle, un énorme problème : une partie du travail réel se situe hors de tout modèle et outil de contrôle, et donc de toute reconnaissance. Il s’organise, dans les entreprises, une sorte de « mise en disparition » du travail, de négation de son existence.
Nous définissons le travail comme la mobilisation et la mise en œuvre de la puissance de pensée et d’action du sujet humain. Elle se condense dans la prise d’initiatives et donc dans la capacité d’invention. Chaque fois qu’il y a travail, il y a engagement de cette puissance.
Qui dit « exercice d’une puissance » dit « productivité ». Le travail, actuellement, se complexifie du fait d’une diversification et mise sous tension de modèles différents de productivité, dont la plupart restent implicites. Tout sujet humain travaillant mobilise, dans sa pensée et ses actions, un et souvent plusieurs modèles de productivité, parfois sans en être clairement conscient. L'association et la composition collective de ces puissances, nous proposons de l'appeler : communauté d'action.
Face à l’exercice de cette puissance, se pose, pour les employeurs, la question de son orientation et de sa captation, donc de son contrôle. Or nous vivons une période très étrange et inédite. Les directions d’entreprise n’ont jamais autant sollicité l’engagement subjectif des individus dans leur travail, mais, depuis la crise du taylorisme, qui réduisait le travail à des "tâches" et la productivité, à la vitesse de réalisation de ces tâches, elles ont perdu tout moyen de le contrôler directement. Le travail a disparu des outils de contrôle.
Cette béance pose d’énormes problèmes, pour le positionnement éthique et la santé des travailleurs. Elle les expose en permanence à des choix difficiles. Le contrôle de cet engagement subjectif redouble les modalités traditionnelles de l'exploitation capitaliste. On contrôle des résultats et l'engagement du salarié pour les obtenir, mais on occulte totalement le travail lui-même, les actions et initiatives effectivement réalisées et le sens que les personnes mettent dans son effectuation, en particulier le "sens du service" rendu à des usagers.
Pour sortir de cette impasse, il est proposé, dans le dernier chapitre, une réflexion autour de la question de la compétence, comme manière, reconnue comme telle dans les relations sociales, de combler cette béance par la réappropriation officielle du contrôle de l’exercice de ses propres initiatives par le sujet humain et par la constitution de communautés d’action, se substituant à l’ancienne définition des métiers. Il fait se rencontrer "compétence" et "service". »
Philippe Zarifian est intervenu à plusieurs reprises au Club Stratégies. Quatre vidéos documentées et séquencées ont été éditées à la suite de ces interventions. Retrouvez-les dans "Les ressources" de l'Université ouverte des compétences :
Organisation et compétences
Vidéo 87 : Mardi 17 février 2009. Durée : 55 mn
Les soubassements philosophiques de la compétence
Vidéo 68 : Mardi 22 janvier 2008. Durée : 1h04 (+ 4 bonus)
Démarches compétences & stratégies d’entreprises : analyses de cas
Vidéo 30 : Mardi 07 février 2006. Durée : 41 mn
La notion de compétence : une intervention synthèse
Vidéo 26 : Mardi 07 février 2006. Durée : 21 mn