Pour l’emploi salarié, l’autonomie temporelle a progressé d’une lutte acharnée pour la réduction du temps de travail vers des débats plus subtils sur sa gestion.
Au XIXe siècle, le défi était de « reprendre » du temps à l’employeur, tandis qu’aujourd’hui, les enjeux se complexifient autour de l’organisation du temps de travail. Ce glissement marque une évolution de la première autonomie, focalisée sur la durée, vers une seconde, orientée sur la place du travail au sein de l’ensemble des temps sociaux. Le début de cette transition se situe à la fin des années 1960 avec l’apparition successive d’outils de la négociation permettant d’intégrer l’aspiration des salariés et les exigences de l’appareil productif : horaires variables, comptes épargne-temps, télétravail, etc. Loin d’être uniforme, la seconde autonomie présente des nuances significatives, en particulier selon les contextes socio-économiques.
Ce livre offre des éclairages issus de recherches de terrain en France, en Allemagne et en Chine, afin d’évaluer les conditions, opportunités et risques liés à ce passage à une nouvelle autonomie temporelle.
Jens Thoemmes, sociologue, est directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre d’Études et de Recherches Travail, Organisation, Pouvoir à Toulouse. Depuis trente ans, il se consacre à l’étude du travail, se focalisant sur la création et l’évolution des normes. La négociation des règles temporelles constitue un axe majeur de ses recherches. Il assure depuis 2014 la direction de la revue Temporalités, soutenue par le CNRS.