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Dans le domaine : Travail
Vendredi 29 mai 2020 "La crise sanitaire recentre l'expérience de travail"

L’ampleur de la crise sanitaire et la complexité de ce qu’elle engendre sur les conditions de travail et d’emploi ranime l’insistance de la sociologie du travail à être attentif à l’expérience, à valoriser l’activité réelle pour soutenir l’engagement professionnel.

En quoi la crise sanitaire révèle-t-elle l’utilité sociale du travail ?

Le salariat est une norme qui ne dit pas grand-chose sur la qualité de la relation d’emploi. De même, la description du poste ne suffit pas à décrire le sens du métier. Elle est trop centrée sur les compétences requises et peu sur celles effectivement mobilisées dans l’activité. La crise sanitaire a fait apparaître dans l’espace public un débat sur l’utilité sociale et le sens du travail en parlant des travailleurs qui ne pouvaient pas être confinés : les soignants, les fonctions supports de la santé, et les personnes qui travaillent dans les flux logistiques, de l’alimentaire aux produits de première nécessité. Au-delà de leur statut d’emploi et de la liste des qualifications émergea le sens profond de leur activité professionnelle.

J’ai défriché dans le sillage de Renaud Sainsaulieu cette affirmation identitaire du travail, par le travail, ce besoin d’être reconnu dans son métier en tant que travail réel et pas seulement en tant que poste et emploi. La période actuelle est un catalyseur de cette réflexion. Comment l’expérience de travail se joue-t-elle dans la trajectoire professionnelle ? Comment fabrique-t-elle de l’identité et un sentiment d’appartenance ? Valoriser le travail des acteurs de première ligne, ce n’est pas seulement accroître leurs moyens de se protéger d’un point de vue sanitaire et augmenter leurs salaires. Il faut leur permettre de partager l’expérience de travail et réinvestir la question des conditions concrètes d’exercice du travail.

Qu’est-ce qui distingue les travailleurs de première ligne des télétravailleurs ?

Ce qui a été mis sur la table est que ces travailleurs sont convoqués à l’endroit de leur métier, occultant les normes prescriptives de leur travail. Les soignants appellent à ne plus se laisser enfermer dans une conception gestionnaire de leur activité en redécouvrant les vertus de leur utilité dans la prise en charge des patients, les surveillants, avec des prisons légèrement moins denses, ont indiqué pouvoir faire ainsi du bon travail avec les détenus, etc. Le point commun à ces travailleurs exposés par la crise est la question de leur utilité à partir de leurs savoir-faire. La crise révèle que les organisations, dans leur puissance rationalisatrice, ne savent pas gérer les aléas. C’est au contraire la capacité à s’adapter qui permet la performance, c’est-à-dire la mobilisation de moyens ajustés pour arriver à un but. Regardez comment en quinze jours les hôpitaux se sont réorganisés pour accueillir des patients contaminés. Au final, l’hôpital est épuisé, mais pas submergé. On avait oublié que le prescrit ne suffit pas et nous en venons à travailler la reconnaissance de l’activité réelle…

Lire la suite de l'interview de Florence Osty par Laurent Tertrais sur Revue Cfdt Cadres
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La revue Cadres est une revue généraliste trimestrielle fondée par l’union des ingénieurs et cadres CFDT en 1946. Elle contribue au débat public, donne des grilles de lecture et souligne des clivages sur les pratiques de management, la gouvernance des entreprises et des administrations, le rôle et l’expertise des salariés cadres...
Florence Osty est sociologue du travail, professeure affiliée à Sciences Po Paris. Elle est intervenue à l'UODC en 2017 : "Construire la performance par le travail et les collectifs. Une alternative à la folie gestionnaire", Vidéo complète n°224, février 2018.