Avec Taylor, le « père » de l’organisation scientifique du travail, les ouvriers devenaient un rouage passif, astreint à une stricte conformité aux consignes et modes opératoires. Leur travail devait se dérouler indépendamment de leur état d’esprit, de leurs états d’âme et de leurs savoirs.
Le management moderne semble aux antipodes d’une telle orientation. Il clame sa volonté de reconnaître la dimension humaine des salariés, mise sur leur subjectivité, leur personnalité et tend à « psychologiser » les rapports de travail.
Pourtant Danièle Linhart soutient que la logique reste la même : dans les deux cas, s’organise en réalité une disqualification des métiers, de la professionnalité, de l’expérience qui tend à renforcer la domination et le contrôle exercés par les dirigeants. Le résultat est le même : un travail qui perd son sens, qui épuise. Pire encore, le travail moderne précarise subjectivement les salariés, qui, constamment mis à l’épreuve, sont conduits à douter de leur propre valeur et légitimité...
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Danièle Linhart est sociologue, directrice de recherche émérite au CNRS.