Travail et pouvoir d'agir(VDS n°84, 11 mars 2009)
Des évolutions contemporaines rendent le travail plus
« intense », c'est-à-dire plus mobilisateur, plus « engageant », tout en étant plus intéressant, potentiellement davantage
chargé de sens. Comme pour le secteur des services, souligne Yves Clot. Mais paradoxalement, cette intensité est également confrontée à une intensification du travail. « L’intensification factice dans laquelle nous sommes, c'est-à-dire comptable, liée à la tyrannie du court terme, est d'autant plus difficile à supporter que le travail est intense psychologiquement. »
Il y a cinquante ans, existaient des problèmes structurels relativement identiques.
Dans la phase taylorienne, c'était le geste qui était « empêché » alors qu’aujourd’hui c’est la personne qui l'est, c'est-à-dire que l’initiative prescrite et en même temps proscrite, littéralement amputée.
Les objectifs sont fixés de manière de plus en plus occulte.
Il existe ainsi une dissociation de l’activité entre une intensité qui progresse (au premier sens du terme) et une intensification qui l’annule. Et le « stress » est une amputation de ce pouvoir d’agir–là.
Pourquoi cette vidéo ? :
Avec Yves Clot, nous ouvrons de nouvelles voies sur l'agir, le pouvoir d'agir, les métiers et l'activité, etc. En ce début de siècle, le travail soumet les femmes et les hommes à des épreuves sociales dont l’issue pèsera lourd sur le destin des générations futures.
Yves Clot fait l’inventaire des ressources historiques, théoriques, méthodologiques et techniques dont la psychologie du travail dispose pour développer le pouvoir d’agir des sujets sur leurs milieux professionnels. Ici, l’exercice d’une clinique de l’activité débouche sur un renouvellement de l’idée de métier. »...
Yves Clot est également responsable de l'équipe de clinique de l'activité, directeur du CRTD (Centre de recherche sur le travail et le développement). Il est notamment l'auteur de Travail et pouvoir d'agir (PUF, coll. Le travail humain, 2008).