C’est à ces questions que répond cette enquête, menée en immersion dans une école qui se présente volontiers comme révolutionnaire, l’école 42.
Chemin faisant, on comprend que cette création modèle est moins l’innovation pédagogique qu’elle prétend incarner, qu’une institution à la frontière entre formation et emploi, qui concentre les tendances à l’œuvre dans ces deux champs. S’engager corps et âme dans sa formation, subordonner les savoirs et les savoir-faire aux nécessités du marché, accepter de travailler gratuitement dans l’espoir d’améliorer son cv, apprendre à obéir et à travailler sans compter forment les différentes dimensions d’un unique objectif : se conformer à un gouvernement par l’emploi.
Gouverner par l’emploi, c’est considérer que l’emploi est un totem, que c’est l’objet autour duquel et pour lequel la société doit s’organiser. Gouvernants et gouvernés s’inscrivent alors dans une conception néolibérale du monde où l’État se met au service du marché, où les individus consentent à revenir sur leurs droits dans l’espoir d’obtenir un emploi et avec lui, une place dans la société.
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Camille Dupuy est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Rouen Normandie, chercheuse au laboratoire DySoLab (IRIHS) et chercheuse affiliée au CEET…
François Sarfati, après avoir été maître de conférences en sociologie à l’Université Paris-Est Créteil, il a ensuite rejoint le Centre d’études de l’emploi. Il est désormais Professeur à l'Université d'Evry et chercheur affilié au Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET)...