Bienvenue
à l'UODC

Pour accéder à ce contenu, merci de vous identifier :

+ de 400 nouvelles vidéos par an

Trouvez au moins
5 réponses
à vos questions de travail

Un minimum de 2 caractères est nécessaire.
Covid-19: même en temps de crise, un peu de recul ne nuit pas
Dans le domaine : Travail
Vendredi 03 avril 2020 Pierre Veltz : Covid-19, même en temps de crise, un peu de recul ne nuit pas

L’angoisse du confinement et la saturation médiatique poussent aux déclarations fracassantes et grandiloquentes, même sous des plumes habituellement plus sobres. On parle de faillite de notre système de santé, résultat de son « démantèlement », de « catastrophe inédite ». On compare la déroute de l’Occident aux brillants résultats de l’Asie. On nous montre des cartes de Chine, de l’Europe ou des États-Unis avec des zones rouge foncé terrifiantes.

Soyons clairs : il ne s’agit pas ici de contester les mesures de santé publique, encore moins de minimiser le stress énorme et souvent héroïque supporté par les hôpitaux et les soignants débordés par la pointe épidémique. Le Covid n’est pas une grippette, comme certains l’ont imprudemment proclamé au début de l’épidémie. Mais il n’est pas inutile de rappeler quelques ordres de grandeur. Il y a en France 600 000 décès par an, soit 50 000 par mois, dont un tiers environ de cancers. La moitié des décès ont lieu à l’hôpital. Pendant la pandémie, la mortalité courante continue.


D’après les dernières estimations de l’INSEE, la « surmortalité » à l’échelle du pays pour la première quinzaine de mars (au regard de l’année précédente) a été de 6 %, avec des pointes fortes sur quelques territoires (+ 38 % dans le Haut Rhin). En Chine, on compte environ 11 millions de décès par an. C’est dire que la crise du Covid sera à peine visible sur les courbes, même s’il s’avérait que le chiffre de 3000 morts est très sous-estimé. Autre chiffre : alors que beaucoup pensent que nous en avons fini avec le Sida, celui-ci tue encore 1 million de personnes par an.


Le contraste entre la situation actuelle et quelques épisodes épidémiques du passé proche est spectaculaire. Après la grippe dite espagnole, atypique compte tenu de son contexte, la France a connu deux épidémies sévères au cours des « trente glorieuses » (bien piteuses sur le plan sanitaire, en comparaison de la France actuelle). La grippe dite de Hong Kong, arrivée en France à l’hiver 1969, a fait un million de morts dans le monde. En France l’hiver 69 a été particulièrement meurtrier : de décembre à janvier on a compté 17 000 décès officiellement imputés à la grippe, mais une surmortalité de 40 000 personnes (2 à 3 fois la canicule de 2003). Or le traitement du sujet par la presse et la télé de l’époque a été incroyablement léger, noyé dans bien d’autres évènements. Voici un témoignage de l’époque, rapporté par Libération…


Lire la suite de l'article de Pierre Veltz sur Telos


Telos
 est une agence intellectuelle fondée en décembre 2005 par Zaki Laïdi et présidée depuis 2015 par Gérard Grunberg. Regroupant universitaires et professionnels, elle aspire à répercuter sans esprit partisan les grands débats mondiaux dans un espace français livré aux passions hexagonales...
Pierre Veltz, sociologue et économiste, est intervenu à l'UODC en octobre 2018 : "Entreprises, territoires et développement. La coopération au cœur de la performance", Vidéo complète n° 237, mars 2019.