Ainsi des Scop (Sociétés coopératives et participatives) qui se distinguent par le fait que le personnel salarié détient au moins 51 % du capital et 65 % des droits de vote.
De l’expérience très médiatisée de reprise militante d’une entreprise mise à mal par de grands groupes – comme l’usine Fralib, près de Marseille, transformée en coopérative au terme d’une lutte de 1 336 jours –, aux petites coopératives de cadres dans le secteur des services, en passant par de grandes coopératives industrielles créées de longue date et devenues elles-mêmes des multinationales, les Scop concernent une grande variété de domaines et touchent des milieux sociaux très différents.
Mais derrière le symbole et la vision enchantée, comment devient-on propriétaire et employeur sur le tard lorsque rien, dans le parcours scolaire ou les héritages familiaux, ne nous y prédispose ? Comment apprend-on à coopérer pour gérer une entreprise, à prendre les décisions en matière de salaires, de promotions ou d’orientation économique ? De quelles façons se recomposent les rapports sociaux quand ce sont les travailleurs et les travailleuses qui endossent le rôle des actionnaires ?...
Professeure de sociologie à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne et rattachée au Centre européen de sociologie et de science politique, Anne Catherine Wagner a notamment publié « La mondialisation des classes sociales » (La Découverte, 2020) et « Vers une Europe syndicale » (Le Croquant, 2005).