Cette Note montre que la productivité ralentit en France depuis une vingtaine d’années par rapport à l’Allemagne et les États-Unis. Ce ralentissement touche la majorité des secteurs et des entreprises et constitue un enjeu macroéconomique de l’ordre de 140 milliards d’euros de PIB. Ce constat remet en cause le diagnostic traditionnel du déclassement économique français selon lequel la productivité resterait forte et le problème principal serait un faible taux d’emploi. Nous concentrons notre analyse sur deux leviers d’accélération de la productivité : le capital humain, levier sous-utilisé et défaillant en France, et les subventions aux entreprises, levier traditionnel utilisé pour compenser un système fiscal historiquement perçu comme punitif.
Les auteurs montrent que le capital humain doit devenir un levier prioritaire, en commençant par l’éducation et l’acquisition de compétences mathématiques et sociocomportementales. Ces compétences jouent en effet un rôle prépondérant pour la croissance de la productivité dans les économies modernes. Or la France souffre d’un décrochage éducatif qui concerne jusqu’aux meilleurs élèves. Nous estimons qu’une hausse de 10 points des compétences en mathématiques – équivalente à celle observée en Allemagne à la suite du « choc PISA » au milieu des années 2000 – conduirait à une hausse de la croissance annuelle par habitant d’environ 0,2 point.
Les auteurs proposent ensuite une meilleure allocation du capital humain vers les carrières de la science et de l’innovation. De nombreux étudiants se détournent de ces carrières alors qu’ils en ont l’aptitude, notamment les femmes et les individus issus de milieux modestes ou de territoires désavantagés. Nous recommandons d’adopter une « stratégie nationale d’innovation par tous » en développant des interventions (ateliers de découverte des carrières, rôle modèles, mentorat, stages)...
Le Conseil d’analyse économique réalise, en toute indépendance, des analyses économiques pour le gouvernement et les rend publiques. Il examine les questions qui lui sont soumises par le Premier ministre et par le ministre chargé de l’économie et peut procéder de sa propre initiative à l’analyse prospective de questions économiques qu’il estime pertinentes pour la conduite de la politique économique du pays. Il est composé d’économistes universitaires et de chercheurs reconnus.