"L'expérience de ces trente dernières années est celle de l'échec persistant de l'action de l'État et de sa sanction électorale répétée et même aggravée de scrutin en scrutin. Tout à leur névrose d'échec, les politiques ont conclu de leur incapacité à mouvoir les leviers de l'action publique que ces leviers étaient grippés ou vermoulus. On a donc, parmi les ruines fumantes de l'action collective, consacré le peu d'énergie et d'intelligence qui restaient à instruire le procès de l'État. Pendant ce temps, en coulisses, dans toutes les administrations ou j'ai servi comme dans celles que j'ai pu observer de près, on n'a jamais cessé de se réformer, de vouloir se réformer ou d'espérer une réforme prochaine.
De la décentralisation de 1982 à la modernisation de l'action publique de 2013, en passant par le renouveau de l'action publique de 1989, le commissariat à la réforme de l'État de 1993 et la RGPP de 2008, je n'ai connu l'administration que sous le régime de la révolution permanente. J'ai moi-même participé avec zèle à ces élans modernistes dont je n'ai gardé qu'un arrière-goût d'inachevé. L'État nous manque comme on manque à sa parole, à ses devoirs. L'État nous manque comme source d'autorité, comme promesse de justice, comme gardien du bien commun. Manque d'autant plus cruel que, de loi en loin, les moments de crise, comme celui que nous vivons aujourd'hui, nous rappellent à quel point la France est inséparable de son État."...
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Après une carrière de haut-fonctionnaire commencée en 1982 au ministère de l’environnement et poursuivie au ministère de l’intérieur, Yannick Blanc est aujourd’hui préfet du Val d’Oise. Il préside La Fonda, laboratoire d’idées du monde associatif, depuis 2012. Il fait partie des membres fondateurs de la Société française de prospective.