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Comment développer les compétences en France quand quasi la moitié des ressources allouées à la formation sont aujourd’hui englouties dans sa bureaucratie ?
Pendant des décennies, la formation professionnelle en France a été largement régie par un système qui reposait sur un mot aujourd’hui totalement désuet : la confiance. À cette époque, un très bon organisme de formation avec 12 formateurs permanents et des intervenants pouvait très bien faire son travail et en rendre compte avec une bonne assistante administrative.
Cela a tenu jusqu’à la fin des années 1980. Aujourd’hui, pour le même volume de formation délivré, il faut en plus rémunérer 5 à 10 assistantes pour traiter les innombrables procédures de contrôle, enrichies depuis quelques années de procédures dites « de qualité » (Datadock, Qualiopi 1, etc.). Plus toutes les personnes qu’il faut bien sûr recruter dans les organismes de contrôle pour vérifier que les procédures bureaucratiques ont bien été respectées.
Le résultat ? Il est sobrement résumé par l’immense Pierre Caspar : « L’enthousiasme, le goût d’exercer un métier que l’on a choisi pour le sens qu’il donnait à la vie, s’étouffent sous les appels d’offres, les charges, les contraintes administratives et les contrôles de toutes sortes » (Pierre Caspar, in Traité des Sciences et des Techniques de la Formation, Conclusion - 2011, 3ème ed.).
Cette bureaucratisation a aussi envahi tous les secteurs d’activité de service en France, santé comprise ? Ce n’est pas faux.
Mais pourquoi ne pas explorer de manière résolue ce qu’il serait possible d’entreprendre pour stopper la course folle à la complexité bureaucratique dans le monde de la formation. Et tracer des pistes pour entreprendre une réduction drastique de ce qui littéralement étouffe le développement des compétences dans notre pays. Et coûte très cher.
Pour traiter le sujet, l’UODC a fait le choix de ne pas inviter un juriste pointu ou un brillant économiste pour répondre à cette difficile question. Nous avons choisi d’inviter Elodie Salin.
Parce que c’est une très grande praticienne réflexive de la formation. Domaine qu’elle connaît sur le bout des doigts, des territoires du Nord-Pas-de-Calais au cabinet de la Ministre du travail en passant par un Carif, l’Afpa, un Opca, un organisme de formation un peu décapant comme Simplon ou le secrétariat général du Synofdes.
Si on pose la question à ChatGPT (qui sait lire beaucoup et vite), il a plein d’idées : décentralisation totale, suppression de tous les processus bureaucratiques inutiles, auto-certification des organismes et des entreprises selon certaines conditions, évaluation par les pairs, dérèglementation des lois inutiles, numérisation complète, etc.
Ce que ne dit pas ChatGPT, c’est le chemin politique pour y aller franco, c’est-à-dire sérieusement. Quels sont les acteurs qui en France auraient intérêt à arrêter la machine infernale à bureaucratiser la formation professionnelle chaque année davantage ?
Dans une période où l’argent serait compté, économiser drastiquement sur 32 milliards d’euros de dépenses en formation professionnelle, en ne diminuant en rien la qualité de la formation, voire en l’améliorant, disons que cela peut être aussi un sujet d’intérêt général.
Après des études en économie politique (DEA à l’université de Lille), Élodie Salin débute sa carrière comme ingénieur d’étude à l’IFRESI CNRS (Institut fédératif recherche économies sociétés industrielles), puis devient chargée de mission territoriale au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais où elle pilote la déclinaison de la politique formation sur le bassin du Valenciennois. Elle est ensuite chargée de mission au Carif Île-de-France, responsable développement institutionnel à l’Afpa, responsable des relations branches, de développement et de l’observatoire du Forco, l’OPCA du commerce et de la distribution, et directeur innovation, ingénierie et partenariat du FAFTT, l’OPCA des entreprises du secteur du travail temporaire.
En 2016, elle a été nommée conseillère formation professionnelle et alternance au ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, avant de devenir directrice formation, ingénieries et partenariats chez Simplon.co (2017) et de se tourner vers le consulting.
En 2020, Élodie Salin rejoint le Synofdes, le syndicat national des organismes de formation, en tant que secrétaire générale pendant deux ans. Elle est aujourd’hui secrétaire de l’association Afref (Association française des responsables de formation), lieu de veille, d’ouverture, d’échange, de débat et de recherche et consultante - stratégies formation pour le cabinet KIMÉ.
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Crédits
Amphi débat du 23/04/2024
Date d'édition : 05/07/2024
Durée : 1:07:06
Programmation et animation : Jean Besançon, directeur de l'Uodc
Réalisation et édition : Pierre Cécile
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