La technologie peut-elle libérer l’humain du travail ? Le débat sur la fin du travail se renouvelle aujourd’hui suite à certaines prévisions alarmistes en matière d’impacts de la digitalisation sur l’emploi. Ces prévisions portent toutefois la marque d’un optimisme technologique assez naïf et font l’impasse sur les dimensions sociétales de la diffusion des innovations.
De plus, elles révèlent une conception simpliste du travail. Celui-ci ne se réduit pas à un assemblage de tâches plus ou moins remplaçables par des machines intelligentes. Il est le fruit de choix organisationnels et de rapports de forces. Il est en outre porteur d’intégration et de reconnaissance sociale. Penser le travail de demain, c’est aussi penser sa signification individuelle et collective.
Finalement, plutôt que de remplacer le travail, la technologie déplace les emplois : non seulement entre les maillons successifs des chaînes de valeur, mais aussi entre les métiers et entre les différents statuts du travail. Ce n’est pas la fin du travail qui est en jeu mais l’érosion de la relation d’emploi.
Le débat sur la fin du travail se renouvelle aujourd’hui à la faveur d’une vague d’innovations dans les domaines des machines intelligentes et apprenantes, des algorithmes d’exploitation des données massives et du développement des plateformes en ligne. Si les machines deviennent capables de réaliser un éventail de plus en plus large de tâches aujourd’hui effectuées par des humains, vont-elles remplacer ou déplacer les emplois ? Quelle signification aura le travail demain ?...
L’Institut syndical européen (European Trade Union Institute, Etui) est le centre indépendant de recherche et de formation de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui regroupe elle-même les organisations syndicales d’Europe. L’ETUI met ses compétences - acquises notamment dans le cadre de ses réseaux académiques, universitaires et d’experts - au service de la défense des intérêts des travailleurs au niveau européen et au renforcement du volet social de l’Union européenne.